Je suis Lukàsà
Aide-mémoire je suis Parole-révélatrice et Parole-action
Je me fais volontiers lukàsà contemporain inspiré des bambudye
Je suis autobiographie poétique je dis la vie dans ses tours et détours
Dans ses interconnexions avec les êtres la terre les astres les ancêtres
Et je raconte le récit épique de la personne ce joyaux de la création
Voyez donc le lukàsà de Michelle Dyett-Welcome la Redressée
Solennel festif décoratif orné de bijoux de fleurs et de rires
Voyez aussi le lukàsà lumineux d’Andrée Déry la Résolue
Qui nous révèle de grands espaces parsemés de clés
LUKÀSÀ CONTEMPORAIN
OU LUKASÀLÀ
Aide-mémoire ou plus exactement Lukàsà contemporain
Je suis originaire de la République démocratique du Congo
Au cœur de l’Afrique là où poussent le cuivre le cobalt l’uranium
Ainsi que mille autres minerais précieux sans parler d’aliments variés
Offerts en abondance par la Terre-Mère-et-Père alliée au Soleil à l’Air
Alliée au Lwalaba majestueux parmi mille cours d’eau qui dansent
La RDC c’est le champ privé d’Imana Le Cultivateur-Suprême
Qu’on appelle aussi Shààkapàngà Celui-qui-crée-sans-cesse
La RDC est pillée sans pitié par des hordes d’envahisseurs
Je proviens des discrets Bambudye initiés qui se rencontrent en loge
Pour proposer les solutions appropriées aux conflits dans la société
Pour contrôler le pouvoir du roi et assurer diverses responsabilités
Voici l’épopée de Kabuta Bênyì dit Monfrère dit Jandhi
Fils de Kambalà Cikèngèlè autrement dit Colon Fils-du-lion
Et de Ndaayà Lufùlwàbò qu’on appelle Maamà Sâlà MwâKabuta
Petit-fils de Cimbu MwâKabàmbà et de Lufùlwàbò Simon le Taciturne
Petit-fils de Citenga Ntâmbwà et de Ntùmbà Cìbaadìkòngù
Qui vivaient à Kapàlà au mont Nnyemvwà le pays des Ndoba
Grand-frère de Bora Mishika Esther l’Attentive l’Inoubliable
De Ndààyà André de Ntùmbà Mùtândà et de Kambalà Oscar
Grand-frère de nombreux autres sœurs et frères vigoureux
Neveu séquestré de Maître Paul Camplimbar l’Interlocuteur
Il naquit par miracle à Kamina d’une femme qu’on disait stérile
Qui faillit d’ailleurs mourir en couches pour que lui puisse vivre
Preuve pour les médisants qu’elle n’était pas faite pour être mère
Il avait à peine goûté au lait maternel que sa mère fut répudiée
Il fut malmené depuis le berceau par une marâtre après l’autre
Est-ce étonnant qu’on l’ait surnommé Bênyì ou l’Étranger ?
Devenu fils spirituel du Père Guido Haazen le Maître de chant
Par les hasards de la vie intelligente qui le mit sur le bon chemin
Il sut s’échapper et vola dans les airs jusqu’à l’autre côté du globe
Il devint le fils adoptif choyé de Jacques et Joséphine Haazen-Derickx
Des êtres remplis de bonté qui vivaient à Anvers au bord de l’Escaut
Et avaient une seule fille du nom de Jeanne épouse de Frank Zwijsen
Des êtres hospitaliers et compatissants qui surent essuyer les larmes
Et étancher la soif du jeune Kabuta l’enfant d’Afrique trop tôt sevré
Son adolescence fut nourrie de voyages d’étude de musique d’amour
Il devint élève-et-disciple béni de Paul Colmant le Mathématicien
Il devint frère et ami de Jacques Mulongo yogi et futur médecin
Initié à diverses pensées : l’occidentale l’orientale et l’africaine
Il créa lui-même une pensée originale : le kasàlà contemporain
Marié par inadvertance il eut une heureuse surprise et devint
Père de Ntùmbà Cìbaadìkòngù l’Esthète qui vit à Dubaï l’Élue
De Ndaayà MwâKabuta la Persévérante Mère de Noah et Soan
De Lelààyì Mbiiyè fine Avocate et Mère de Zoé Mère de Sacha
Jean Kabuta Auteur-de-lukasàlà-et-de-kaslam donna aussi la vie
À Kambalà Ngalula Sola Mandela Artiste de la table et du palais
Émigrant qui émigra depuis l’invisible vers la planète Terre en Afrique
Puis de l’Afrique devenue hostile à l’Europe chaleureuse et accueillante
Puis de l’Europe ancienne colonisatrice vers l’Amérique nouveau monde
En attendant la 4ème et ultime émigration vers l’invisible d’où il était issu
Kabuta est allé d’initiation en initiation avant de devenir le compagnon
L’époux bien veillé de Jeanne-Marie Rugira la Grande et Noble Dame
Fille aînée de Christiane Mujawingoma et d’Amandin Rugira le Sage
Mère de Marie-Ange Niwemugeni et de Yannick Shimwa le Rieur
Comment mentionner tous les êtres chers liés à Jean Kabuta
Frère des gens d’Afrique d’Europe d’Amérique et d’ailleurs
Frère de plantes et d’animaux éparpillés sur toute la terre
Je ne saurais les mentionner tous tant ils sont nombreux
Comment me présenter moi-même en quelques mots ?
Comme tout être vivant je suis tellement complexe !
Il y a les choses qu’on voit et celles qu’on ne voit pas
Il y a les choses qu’on sait et celles qu’on ne sait pas
Je suis fait de fragments d’histoire d’images et d’idées
De symboles et autres signes qui mènent à la lumière
Qui mènent à l’éveil me donnant accès à moi-même
Et provoquant des rêves où je vole parmi les oiseaux
Je me reflète dans ma totalité dans un lukàsà minuscule
Comme le firmament entier se reflète dans la mer bleue
Comme il se reflète même dans une goutte de rosée
Je suis le Phénoménal Celui-qui-se-voit-s’observant
Support de connaissances parent du mutánga
Que l’on appelle aussi corde à proverbes
Je suis loyal Aide-mémoire pour l’initié
Le Voyant qui lit les livres fermés
Des pans entiers de mes entrailles ont suscité des kasàlàs fleuris
Pour dire leur force et leur beauté leurs rêves et leurs promesses
Me traverse un long fleuve sinueux et multiforme
Ici c’est le Nil bicolore né dans les lacs Victoria et Tana
Qui se déverse dans la Méditerranée au nord de l’Égypte
Le Nil rendit possible l’essor de la civilisation égyptienne
Là-bas c’est le beau Lwalaba né dans le grand rift est-africain
Qui baigne l’immense RDC et se jette dans l’océan Atlantique
Plus au nord c’est la Meuse qui accueillit Kabuta pendant 50 ans
Depuis bientôt dix ans c’est le Saint-Laurent havre de hérons
Issu des Grands-Lacs qui séparent les États-Unis du Canada
Ce fleuve rejoint l’Atlantique en passant par Rimouski
Là où se dresse l’école du kasàlà contemporain
Le fleuve méandreux relie les différents secteurs de mon être
C’est le système nerveux qui irrigue l’ensemble de l’organisme
C’est la longue corde fermée d’un côté et ouverte de l’autre côté
Où s’enfilent sans cesse de nouveaux événements et expériences
Elle exprime la complexité le mystère de la trajectoire humaine
Qui me conduit toujours au bon endroit quand je suis à l’écoute
C’est enfin le chemin étroit qui veut qu’on se mette à l’écart
Pour que l’autre puisse passer pour qu’il puisse apparaître
Je raconte tantôt tout droit tantôt par des détours
Ma propre histoire comme l’histoire de celles et ceux
Qui ont séjourné avant moi sur la planète Mère-et-Père
Riche en air en mers en minéraux favorables à la vie
Je raconte ma propre histoire qui change sans arrêt
À travers toponymes et anthroponymes renforcés
Associant concepts images et symboles expressifs
Qui évoquent tout ce envers quoi j’ai de la gratitude
Qui évoquent tout ce à quoi je suis relié et qui fait sens
Notre Terre qui regorge de ressources c’est le cœur
Et les poumons qui insufflent de la vie à chaque cellule
C’est le support solide et rassurant de toute la structure
Pour cette raison arrêtez-vous un instant pour écouter
L’Hommage à la Terre œuvre d’un poète de Rimouski
Nommé Jandhi l’Émigré l’Inspirateur venu d’ailleurs
Le Nommeur qui nomme adéquatement le Réel
Lukàsà contemporain je suis en même temps
Planche à proverbes planche à symboles
Planche à citations et planche à poésie
Je renvoie l’être au plus intime de soi
Et lui révèle l’inviolable qu’il porte
Et qui résiste aux intempéries
À son fils aîné à qui le destin avait réservé un destin spécial
Ndaayà la Clairvoyante donna le nom prémonitoire de Kabuta
Oiseau crépusculaire membre de la grande famille des Caprimulgidés
Aux pattes courtes certes mais aux doigts puissants munis d’ongles acérés
Ceux-qui-chassent-la-nuit Ceux-qui-veillent-pendant-que-d’autres-dorment
Oiseaux discrets au vol silencieux aux grands yeux les Caprimulgidés excellent
Par leur diversité : Engoulevent-lyre des Andes Engoulevent-à-traîne du Brésil
Engoulevent-porte-étendard Engoulevent-à-balanciers d’Afrique et bien d’autres
Endémiques d’une zone ou migrateurs ils vivent sur l’ensemble du globe
Aimant la proximité des points d’eau les milieux aérés ou les friches
Où leur plumage cryptique les protège de leurs prédateurs vigilants
Tendez l’oreille écoutez le chant de celui qu’on appelle aussi
Lubuta Màlèmbelelè Lubuta-Màlènjì-à-la-vision-nocturne
Celui qui se reproduit en Europe et hiverne en Afrique
Le Voyageur qui arrive les bras chargés de cadeaux
Le Messager attendu Porteur-de-bonnes-nouvelles
Qui annonce le retour de la pluie et de l’abondance
Profitez-en chers amis pour écouter les kasàlàs dédiés
À Jandhi Miroir-étincelant qui vous révèle à vous-mêmes
À Jacques Derickx Le-Magnanime Celui-qui-essuie-les-larmes
À Joséphine Derickx Le-Cœur-blanc qui devint la mère de cœur
À Guido Haazen le Franciscain le Frère de Mozart et des Anges
À Jacques Mulongo le Médecin qui restaure la quadruple santé
Celle du corps et celle de l’âme celle du lien et celle de l’esprit
À Ndaayà Lufùlwàbò Sâlà MwâKabuta la Mère-Amie de Jandhi
À Kambalà Cikèngèlè Celui qui séduisit Ndaayà pour accueillir
Le fils venu s’incarner dans leur foyer porteur de pensées nouvelles
À Kabàmbà Lufùlwàbò Nsenda celui dont le nom de gloire est Maître
À Jeanne-Marie Rugira la Femme-Monument la Femme-Phénoménale
À l’Araignée Tisseuse-de-ponts à la Pieuvre-aux-bras-bourrés-de-neurones
Au Baobab-au-bois-tendre qu’on ne peut encercler qu’on ne peut déraciner
Au Temps que nous traversons thème du kasàlà : « Tout cela est bien loin »
À Rimouski-la-Ville-du-bonheur à la Chauve-souris-aux-grandes-oreilles
Et à bien d’autres êtres étonnants qui disent l’intelligence de la Terre
Sans parler de la « Semaine de grâce » où Bach respire vivant
Sans parler de « La Voie » qui célèbre Johann le Silencieux
Sans parler des kasàlàs aux enfants et aux petits-enfants
J’évoque les chants dédiés aux actions aux projets aux rêves
Je convoque l’ubuntu le kasàlà ainsi que le vent le soleil l’eau
Et tous autres concepts vivifiants élaborés au cœur de l’Afrique
Être le plus singulier qui soit je ne saurais être confondu avec un autre
Car chaque histoire est unique chacune correspondant à un algorithme
Reflet de l’interconnexion entre les humains dans leur infinie diversité
Entre tous les habitants de la nature et entre les constituants de l’univers
Entre les phénomènes qui se déroulent ici et ceux qui se déroulent ailleurs
Je suis symbole complexe que sait interpréter la personne à l’esprit exercé
Lukàsà je décris une trajectoire et j’engendre un ou plusieurs kasàlàs :
Kasàlà de soi ou de l’autre ou du territoire ou kasàlà de la colère vitale
Kasàlà écho ou rituel ou kasàlà épique J’appartiens à la même famille
Que le kasàlà contemporain puissant héritage de la pensée africaine
Lorsqu’on m’observe on distingue des territoires particuliers :
La ville de Kamina en Afrique la Belgique au cœur de l’Europe
La suave ville de Rimouski tout en haut de l’Amérique du Nord
Ainsi que des territoires mystérieux d’où l’on vient et où l’on va
Tout cela au milieu de multiples événements et lieux signifiants
Lorsque je parle de moi je provoque des résonnances diverses
Grâce aux questions et commentaires je continue de me parfaire
Quoique concentré sur une seule page je suis un vaste champ
En moi se trouvent parsemés des pensées de toutes les couleurs
Des symboles, clés qui donnent accès à d’autres plans de la réalité
Où ne conduit la parole ordinaire où tout est signe allusion et intuition
Là où foisonnent des images pour nourrir pour renouveler l’imaginaire
Là où des segments droits côtoient des segments courbes ou invisibles
Surtout je suis constitué de chiffres de 0 à 9 et d’une trentaine de lettres
Inventés en Orient et capables de dire toute l’expérience de l’univers
Pour tout dire je suis support de méditation et de remémoration
Je renouvelle le discours intime et aiguise la conscience d’être
Jean Kabuta j’ai exposé mon autobiographie sans rien dissimuler
L’essentiel est jeté là sur le lukàsà depuis mon émigration initiale
Par laquelle je suis entré dans le monde venant de l’invisible
Jusqu’au monde actuel où je me consacre à la transmission
De jour en jour je m’éveille et je prends conscience
Du temps que je porte dans mon corps à chaque instant
Je visualise les êtres et les actions bénéfiques et inspirants
Alors je n’ai pas d’autres choix que de dire ma gratitude
Voici soixante années déjà que ma deuxième émigration
M’a conduit depuis l’Afrique Berceau chaleureux de l’humanité
Jusque dans la froide Europe occidentale quoique riche de merveilles
Ma troisième émigration m’a conduit depuis l’Europe rêvée autrefois
Jusque dans l’Amérique terre des Dakotas des Micmacs des Abénakis
Et autres peuples connectés à la Terre qui conversent avec la nature
On se croirait en Afrique où l’humain n’a pas le monopole de la vie
Là où la Terre et les êtres qu’elle héberge sont nos frères et sœurs
J’ai une gratitude immense à l’égard de quelques lieux particuliers:
Kamina Escale-initiale où j’ai fait la rencontre de Mozart l’Initiant
Tervuren Monde-de-musique-et-de-rêves Porte-ouverte-sur-l’impensé
Anvers Foyer-d’amour Foyer-de-beauté Là-où-la-vie-retrouve-du-sens
Bruxelles Berceau-du-savoir Là-où-l’on-passe-de-la-nuit-à-la-lumière
Nivelles Clairière-dans-la-forêt Là-où-la-mère-retrouve-son-fils-aîné
Là-où-des-enfants-commencent-à-naître pour embellir la Terre-mère
Feluy Camp-d’initiation riche en épreuves pour l’homme en devenir
Gand Ville-d’enseignement où voit le jour le kasàlà contemporain
Et Rimouski Champ-d’envol pour la diffusion et la transmission
J’avance patient et curieux vers ma prochaine et ultime émigration
Qui me ramènera peut-être dans le Point d’interrogation initial
Ou ailleurs il n’importe à travers de nouvelles métamorphoses