Colon & Nsonga
Je suis en 2ème année j’ai neuf ans J’ai une belle voix
Le prêtre m’accueille dans sa chorale en pleine répétition
Le enfants chantent si bien : « Ça doit être ça, le paradis ! »
Jusqu’à ce jour ce chant résonne en moi ! C’était Mozart
Celui-qui-a-visité-le-Paradis- et-en-a-ramené-les-mélodies
Je chante dans la chorale Je vis chez Nsònga ma marâtre
Au milieu de ses enfants qu’elle gâte et pourrit Je suis le boy
Ma mère avait été répudiée alors que j’avais quelques mois
Elle était peu soumise elle pensait Elle menaçait le patriarcat !
On lui interdit l’accès à moi en raison d’une coutume cruelle :
Dans mon pays d’origine l’enfant appartient au clan du père !
Or Colon est polygame Quand il apparaît il est ivre et méchant
Il nous bat tous Nsònga y compris pour affirmer son autorité !
Je garde l’image d’un père violent cependant aisé et intelligent
Qui jouissait d’une belle notoriété Et j’étais fier d’être son fils !
La chorale s’apprête à partir en tournée à Kolwezi et Lwena
Tous les enfants ont des sacs pleins de provisions et d’habits
Moi je pars en voyage les mains vides comme un orphelin !
Le train va bientôt quitter le quai le chef de train va siffler !
Arrive in extremis Mansèèlà une voisine-amie à ma mère
Avec un panier sur la tête Elle a couru elle est essoufflée !
Elle me le tend par la fenêtre : « C’est de Mwâ-Kabuta ! »
Je voyage ravi ! J’AI UNE MAMAN comme les autres !
Elle avait eu vent de la nouvelle Elle avait fait une trousse
Avec des victuailles avec des vêtements et des draps de lit
Il fallait pouvoir courir Elle s’adressa à la jeune Mansèèlà !
Quand j’écris ces vers tout mon être frémit encore de joie !
Désormais ma vie se passe surtout à la mission catholique
Et dans le monde privilégié des Blancs : les salles de concert
Et la base militaire de Kamina où nous donnons nos récitals
Les veilles de Noël à la mission sont particulièrement belles
Des artistes venus d’Europe nous éblouissent chaque fois
Par leur maîtrise de la voix et par leur noble provenance !